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Congrès européen de Yoga, Zinal 2015

L'avant congrès...

Le voyage pour arriver à Zinal, ce samedi 15 août 2015, est déjà l'expérimentation de certaines notions abordées dans le yoga sutra de Patanjali, en particulier l'effort, la confiance, le lâcher prise et le contentement.

Nous partons  vendredi en début d'après-midi, pour notre première étape en direction de la Savoie, à Loisieux plus précisément, près d'Aix les bains, où nous avons réservé une chambre d'hôtes et un dîner.  La traversée de la vallée du Rhône, soumise aux embouteillages durant cette  journée classée "Orange ",  éprouve, sans les entamer, notre patience et notre sérénité.

Nous arrivons, sous la pluie, chez Véronique et Alain, avec deux heures de retard. Leur accueil est chaleureux (plus que le temps puisque nous avons subi une chute de température de  10°).

Nous passons une excellente soirée, autour d'un repas  typiquement savoyard, avec ce  couple de quinquagénaires, comme  si  nous  nous  connaissions de longue date. Cette première rencontre nous semble de bonne augure.

Après une  bonne  nuit  de sommeil et un copieux petit déjeuner, nous reprenons  les routes pluvieuses en direction  de la Suisse. À la sortie  de  l'autoroute, les derniers kilomètres  sont éprouvants en raison de la brume, de la pluie qui a redoublé, et de la route étroite et tortueuse.

Enfin Zinal et ses chalets de bois, dans leur écrin de verdure et de montagnes, nous apparaissent.Congrès européen de Yoga, Zinal 2015

La descente de la  voiture nous  confirme ce qu'annonçait l'ordinateur de bord : il ne fait que 10° (encore 10° de perdus !).

Congrès européen de Yoga, Zinal 2015

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le passage à  l'agence immobilière est rapide et efficace. Nous voilà munis de nos Pass Liberté (accès  libre au téléphérique, piscine et autres infrastructures) et des clés du chalet Beaurepaire, qui porte bien son nom. Celui-ci se révèle  à nous à la sortie de la station, dans son savant mélange de bois et de pierres. Il est spacieux et confortable. Nous prenons possession des lieux sans nous presser, allant de satisfactions en satisfactions.

Congrès européen de Yoga, Zinal 2015

En fin d'après-midi, nous  allons  à la rencontre des organisateurs du congrès,  qui nous remettent, individuellement, une enveloppe avec attestations, plans et programme du lundi.Congrès européen de Yoga, Zinal 2015

Dimanche, la pluie s'est calmée et pendant le petit déjeuner, j'observe, par la fenêtre, un écureuil téméraire. Il n'en faut pas plus pour me sentir en joie

Petit  excès de confiance l'après-midi ! Brahmacarya (la modération) aurait été de rigueur : partis pour un aller-retour en téléphérique, nous optons finalement, une fois arrivés  au sommet, pour une descente à  pieds, annoncée d'une durée de 1h30. C'est sans  compter sur mes envies de prendre des photos à la moindre occasion, sur mes kickers,  qui, quoique  confortables, ne sont pas de véritables chaussures de marche, sur notre inexpérience et sur la difficulté du terrain ! Notre expédition dure 2h30 et c'est les pieds en compote, les articulations douloureuses que nous rentrons exténués au chalet. Il me semble que la posture du lotus et celle du diamant me seront définitivement inaccessibles,  tant mes hanches et mes genoux me font souffrir ! C'est malin !

Une nouvelle épreuve nous attend : accueillir Gunter, notre colocataire allemand, notaire de son état, qui ne parle pas français. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Celui-ci arrive vers 18 h. Très sympathique, il fait des efforts pour comprendre mon  anglais approximatif. Finalement nous nous comprenons pour l'essentiel.

Nous nous rendons ensemble à la cérémonie d'ouverture du Congrès. L'invitée d'honneur, Saraswati Swami Nityamuktananda,  donne sa définition d'Ananda : JOIE, Sérénité. Pour elle, Ananda ne nous rapproche pas du divin, elle est le divin.

Congrès européen de Yoga, Zinal 2015Tous les intervenants, 24 au total, montent sur scène :

Congrès européen de Yoga, Zinal 2015

 

 

 

 

 

Les remerciements d'usage sont exprimés et on nous confirme le programme quotidien :

  • 7h00 à 8h30 : Pratique matinale. Nous optons pour la suivre à  jeun.
  • 10h00 à 12h00 : Formation continue ou atelier. Je choisis de suivre l'enseignement de François Lorrin, formateur à l'IFY, qui m'a déjà largement impressionnée lors des rencontres lors des rencontres  nationales à Saint Raphaël.
  • 15h00 à 17h00 : Formation continue, ateliers ou conférences.
  • 17h00 à  19h00 : Pratique du soir.
  • 20h30 : spectacles.

Ce programme sera modifié mercredi : un apéritif sera offert à 13h15 à 2400 m d'altitude et à 17h, une conférence, sous forme d'échanges entre la swami (une européenne bouddhiste) et le frère John  (un indien chrétien). La rencontre promet d'être intéressante. Un mercredi, allégé l'après-midi : à mi- congrès, ce sera probablement bienvenu. Malheureusement, nous apprendrons par la suite que l'échange s'effectuera en anglais sans traduction ; nous ne pourrons donc pas y assister.

Les moments forts du Congrès

Les pratiques matinales 7h00-8h30

Pour ma première journée, je choisis de participer à la pratique matinale de Giana Dupont. Sa voix est posée, son attitude bienveillante et ses explications sont  claires. Mais ces propositions ne m'enthousiasment guère : visualiser des antennes spirituelles partant des différents chakra, c'est un peu trop perché pour moi ou trop subtil. Les propositions posturales me mettent également en difficulté : il me faut plus de douceur et de progression pour réveiller mon corps à cette heure là.

Le deuxième jour, nous optons cette fois pour Chantal Kajdanski, qui a été formée par André Van Lysebeth et qui s'oriente à  présent vers l'enseignement de Desikachar par le biais de son fils Kausthub. Ceci m'inspire confiance et je pense que je serai moins dépaysé. C'est le cas.

Le troisième jour, nous allons par curiosité à la rencontre d’Éveline Waas Bidaux pour sa proposition d'aqua yoga. L'expérience est réjouissante et agréable, réservée à 7 participants seulement. Accueillis dans un spa, où l'eau est à 34°, nous nous laissons guider avec bonne humeur vers des postures de yoga que nous semblons redécouvrir. Un exercice nous invite à retrouver les sensations et perceptions du fœtus que nous avons été pendant 9 mois : rassemblés, genoux vers la poitrine et maintenus par les bras, nous nous immergeons totalement pendant un expir et une rétention poumons vides. Nous chantons également le Om sous l'eau durant des expirs. La séance se termine par une relaxation sous de puissants jets. Nous renouvelons l'expérience le cinquième et dernier jour.

Quatrième matin : la météo est favorable. Je persuade Marcel de se lever une demi heure plus tôt afin de prendre le téléphérique pour Sorebois (2400 m d'altitude), afin de vivre le lever du soleil avec Maurice Daubard, dénommé le yogi de l'extrême (sa biographie sur son site). Maurice, vénérable vieillard de 86 ans, vêtu de coton blanc léger et chaussé de tongs, nous souhaite la bienvenue en attendant la benne et nous fait remarquer, d'un air malicieux, qu'il y avait moins de monde la veille sous la pluie. Il fait seulement 5° en bas, probablement 3° de moins en haut. L'ascension est déjà pleine de promesses tant la vue est magnifique et dégagée.

Nous installons nos tapis dans l'herbe, face aux montagnes à 7h00. Assis ou debouts, pieds nus, nous écoutons la parole du maître : "Les événements ne sont jamais absolus mais leur résultat dépend entièrement des individus. Le malheur est un tremplin vers le bonheur, un trésor et du génie pour l'homme habile et un abîme pour le faible". Il nous confie, qu'à 18 ans, il avait afficher cette phrase, dont il ignore l'auteur, au-dessus de son lit, dans le sanatorium, où il séjournait, atteint d'une tuberculose et déclaré perdu pour la médecine.  Congrès européen de Yoga, Zinal 2015

Il nous encourage à pratiquer kappalabati et bhastrika pranayama pour lutter contre le froid, sans aucune autre instruction. Nous restons tous immobiles. Certains commencent à se dévêtir. Devant moi un jeune homme, vêtu seulement d'un poncho de coton, est pris de tremblements. "Lorsque tu commences à trembler, ne penses pas que tu trembles, penses que tu vibres" lui conseille Maurice.

Puis il nous invite à rire, aux éclats. Il commence : les rires fusent, comme contagieux. À  ma droite deux hommes sont à présent en équilibre sur la tête et nus (seulement un slip). L'homme qui tremblait tout à l'heure est à présent totalement dévêtu. Après plus d'une demi-heure d'immobilité, Maurice nous invite enfin à rentrer en mouvement et à pratiquer des salutations au soleil, jusqu'à son apparition. Il était temps pour moi... J'enlève mon blouson et mon écharpe. J'enchaîne plusieurs salutations à des rythmes différents. Le soleil apparaît enfin au sommet de la montagne et inonde les participants de lumière. Une chaleur bienfaisante m'envahit. J'enlève mon gilet polaire en me rasseyant. Je ferme un instant les yeux. Lorsque je les ouvre à nouveau, plusieurs jeunes femmes devant moi sont en maillot de bain. Quelques minutes plus tard, j'ôte ma tunique puis mon tee-shirt à manches longues, me retrouvant en débardeur, juste avant l’annonce de la fin de pratique. Marcel, près de moi, semble toujours frigorifié, le visage enfoui sous 2 capuches. La pratique se termine avec le mantra tibétain Om mani padme hum, qui se prolonge durant les 10 minutes de trajet, dans la benne nous ramenant à  la station. Un sentiment d'unité et de joie m'envahit...

écouter le mantra sur YouTube

Les matinées de formation continue (10h00-12h00) avec François LorinCongrès européen de Yoga, Zinal 2015

François commente, tous les matins, certains passages du yoga-sutra de Patanjali et de la bhagavad gita, qui évoquent Ananda. Son discours est, comme à  l'habitude, brillant et éclairant. 

"Quand je vois que je ne suis rien, c'est la sagesse. Quand je vois que je suis tout, c'est l'amour. Entre les deux, la vie s'écoule..."

"On ne peut penser et parler intelligemment que si on pense et on parle pour arriver au silence".

"Ici est partout et maintenant est toujours".

"On n'est pas cela dont on est conscient mais on est cela qui est conscient". 

Jocelyne, son épouse, déclame des poèmes à sa demande ou spontanément, très souvent ceux de Rimbaud, faisant écho à ses propos.

Il propose également des ateliers seuls ou en groupe pour expérimenter sensations, perceptions, pour nous inviter à voir les choses avec un autre regard, retrouver la grâce de l'enfance, renouer avec notre sensibilité... La danse, yeux fermés, l'écoute de musiques bouleversantes et de poèmes savamment choisis et contés par Jocelyne, m'émeuvent aux larmes à plusieurs reprises. C'est magique ! Le dernier jour, l'expérience d'une giration durant 10 minutes, à l'image des derviches tourneurs turcs, me comble de joie.

La conférence de Tara Michael

Cette vieille dame impose le respect. Elle nous commente des passages des Uppanishads et évoque la notion de kosha, ces différentes enveloppes qui constituent notre être, la 5eme étant la plus subtile : Ananda maya kosha, le corps spirituel fait de joie,  de jubilation et de félicité.

Les pratiques du soir avec Marie Christine Luccia 17h00-19h00

Les propositions vont vers l'allongement de l'expiration et vers l'apprentissage de la prosternation tibétaine, très belle mais très difficile d'un point de vue respiratoire. Je me promets de l'adapter pour la proposer à mes élèves.

Un moment privilégié avec Maurice Daubard

Pour le dernier après-midi, nous allons au rendez-vous de Maurice qui nous a proposé le visionnage d'un film le concernant. Nous ne sommes qu'une dizaine. La projection dure environ 30 minutes (il passera bientôt sur FR3) et montre Maurice en randonnée en raquettes dans la neige italienne, près d'Aoste, durant l'hiver dernier, en maillot de bain, puis en méditation, assis en tailleur dans la neige et enfin dans un lac glacé. Un peu déçu, il nous explique que chacun des plans a duré plus de 45 minutes et que le montage ne témoigne pas de ce temps.

Il nous raconte son parcours : sa jeunesse en sanatorium, sa carrière de coiffeur (!), les rencontres qui l'ont mis sur le chemin du yoga puis plus tard du Toumo, sa compassion pour le peuple tibétain, son engagement politique en leur faveur, son empathie envers la souffrance animale.

Je note sur mon cahier, des phrases qui me touchent :

"Le froid, je ne le crains plus ; j'ai pris l'exaltation comme seul vêtement".

"Nous devenons ce que nous rêvons".

"La puissance est dans la pensée. Si elle est négative, elle autodétruit ; si elle est positive, elle transcende. Moi, je n'avais pas vraiment le choix : j'allais mourir ; j'ai donc choisi la deuxième solution".

"Il n'y a pas de noblesse à se sentir supérieur aux autres".

"En tant que professeur de yoga, nous nous devons d'être exemplaire".

La fin du Congrès

Le 42ème Congrès se termine vendredi 21 août au soir, comme il a débuté, par une cérémonie. Le programme du Congrès 2016 est annoncé : yoga et santé avec des invités d'honneur, dont j'ai oublié le nom mais qui ont été formés par Krishnamacharya.

Je dois être exemplaire et rester dans le présent...

Il est difficile d'exprimer l'intensité de ce que nous avons vécu durant cette semaine à Zinal. Je sais, comme nous l'a souligné François, que je ne pourrai parler de cette expérience intime qu'avec des personnes qui vivent les mêmes vibrations. Ce blog est donc tout indiqué pour y confier mon ressenti et partager avec mes élèves et mes amis la richesse de l'enseignement que j'ai reçu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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C
merci merci pour ce magnifique partage!Quels moments puissants tu nous fais goûter par procuration: ça donne juste envie de vivre de tels instants, mais comme tu le fais si bien ressentir, c'est ta présence dans l'instant qui t'a permis de connecter à une telle intensité...Ton enseignement ne peut être qu'enrichi par une si belle expérience...Alors à bientôt si je peux reprendre à la rentrée...Céline   
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